Silence de mort. Encore une fois, des bâtiments de l'établissement ne sortait aucun son, pas même un soupir, un rire, une parole. De toute façon, jamais un rire ne se faisait entendre a travers les murs de My Heaven. Seul les soupirs, signe que la Faucheuse était encore passée... Les pleurs, dus au désespoir, à la peur. Car, même si tout était aménagé pour permettre aux malades de vivre leurs derniers instants correctement, chacun d'entre eux savait pertinemment qu'il passerait ses derniers instants ici. Loin de sa famille, de ses amis, tout seul, en quelques sortes... Malgré tout l'altruisme de la part du directeur que cela pouvait montrer, l'endroit était incontestablement macabre... Habité par des futurs morts, par des morts... Par la mort elle même... Il n'y avait rien de plaisant à se retrouver ici. Il n'y avait rien de plaisant à mourir ici. Tous le savaient, et tous l'acceptaient pourtant... Unanimement, ils acceptaient tous le fait qu'une fois rentrés ici, ils n'avaient qu'une issue.

Et ce silence, Yung Sook n'osait pas le briser. Elle se contentait de nettoyer les chambres, de voir les patients d'Azraël pleurer, et de faire mine de n'avoir rien vu. Selon ses propres règles, elle s'était interdit d'avoir de la compassion: les gérants voyaient cela plutôt mal. Malgré tout, lorsque la jeune fille le pouvait, elle apportait son réconfort aux jeunes gens. Par une histoire, un sourire, une caresse amicale dans le dos... De cette manière, elle ne se sentait pas inutile envers eux. Elle n'était pas non plus méprisée. Néanmoins elle ne pouvait rien faire de plus. Non seulement parce qu'elle n'était pas formée a les soigner, mais en plus parce qu'elle s'était défendu de s'attacher à l'un d'eux. C'était arrivé par le passé, et c'était une chose qu'elle ne voulait plus avoir à revivre... Ces souvenirs étaient désormais inhumés, comme leurs figurants, mais revenaient dans les songes de la femme de ménage, rappelant perpétuellement à celle ci combien la vie était fugace et simple à annihiler.

Yung Sook finit par claquer la porte du garçon qui était parti hier, laissant sa chambre libre à quelqu'un qui avait le même futur que lui. Aucun signe chez la jeune femme indiquait qu'elle était perturbée: calme voire impassible, celle ci se dirigea vers tout son attirail de ménage pour continuer sa tournée matinale. Il n'était que neuf heures du matin et la plupart des internes dormaient encore. Yungie n'avait pas le cœur à les réveiller, et elle se dirigea donc silencieusement vers une chambre dans laquelle il y avait du bruit. La blonde laissa glisser ses doigts sur le bois de la porte, étudiant muettement la pancarte affichant le nom de Li Mei Fen. Se mordant la lèvre inférieure, la bonne toqua deux fois le plus doucement possible et souffla:

« Mei Fen ? C'est Yung Sook, je peux entrer ? » 

Je ne trouvais plus la lettre de ma mère, depuis hier soir je la cherchais, je n'avais pas dormi de la nuit, c'était la première lettre que ma mère m'envoyait depuis que j'étais à Heaven, c'était important. Elle devait m'avoir écrit quelque chose d'important. Je le sentais. Je ne trouvais plus cette fichue lettre, j'étais pourtant sûre de l'avoir posé sur mon bureau. Plus je la cherchais, plus je paniquais de ne jamais la retrouver et évidemment plus je paniquais, mon j'arrivais à respirer convenablement, mais pour l'instant ça allait..j'avais juste la respiration un peu saccadée.
Des coups se firent entendre à ma porte et la voix que je reconnus être celle de Yung Sook retentit pour me demander l'autorisation d'entrer.
J'avais une envie de lui dire d'aller se faire foutre et que j'étais très occupée..Mais peut importe qui aurait toqué, j'aurai eu la même envie, même Hyun Woo, même SooMin. Seulement, je me devais de rester polie avec elle, elle était une employée d'Heaven. Puis elle avait toujours été gentille avec moi, enfin elle était comme ça avec tout le monde, mais j'avais envie de me sentir privilégiée. Je partis alors lui ouvrir la porte et la gratifiais d'un sourire quand elle rentra dans l'habitacle.

« Yung Sook..Euh..Pardon si c'est aussi dérangé, mais je cherchais quelque chose d'important. Je vais sortir de la chambre.. »

Alors que j'étais entrain de sortir de la chambre, mais dans ma précipitation, je tombais par terre, réouvrant la plaie de mon genou que je m'étais faite la nuit où j'avais rencontré Hyun Woo. Je me mis à pleurer, je détestais voir du sang couler, et en prime c'était le mien. Je me mis à pleurer comme une enfant, c'était vraiment horrible, après tout ce temps, le sang me faisait encore fuir et pleurer. J'avais l'impression d'avoir deux ans et de ne plus savoir quoi faire, ni où j'étais.
Plus je pleurais, plus ma respiration était saccadée, jusqu'à ce que ma crise se déclenche. Mes pleurs avaient cessé mais je n'arrivais plus à respirer, je suffoquais, j'avais l'impression de mourir. Je voulais Hyun Woo à mes côtés pour me rassurer, mais il n'y avait que Yung Sook, j'aurai aimé mourir, à l'instant même. Je devais avoir l'air pitoyable, mais je n'y pouvais rien, absolument rien, tout était trop confus dans ma tête et mon incapacité à respirer m'embrouiller et me faisait tourner la tête. Je regardais Yung Sook, la suppliant de faire quelque chose, mais faire quoi ? Moi-même je ne savais pas ce qu'elle pouvait faire, alors elle, qu'en saurait-elle ? Absolument rien, j'étais perdue. Puis plus rien, le noir. Je ne sentais plus mes poumons s'emplirent de quoi que ce soit.
Étais-je entrain de mourir ?
Pourtant je ne voyais pas ma vie défiler devant moi, comme dans les films et les livres, alors tout ça serait faux ? Alors quand on meurt, tout n'est que noir ? C'est ça ?